REVUES

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« Pourquoi j’ai fait des revues toute ma vie ou presque ? Parce que je crois à une chose essentielle : il ne faut jamais être subordonné, travailler pour les autres. Il ne faut pas donner aux autres sa liberté ou sa capacité de travail. Quand on a quelque chose à faire ou à dire, il faut donner cette capacité à soi-même et non à ceux qui pourraient en disposer à travers leur regard ou leur filtre. Alors, il faut créer le lieu dans lequel s’exprimer soi-même, et c’est le rôle de la revue. En outre, ce type de travail ne peut en aucun cas être subordonné à un devenir. Prenez le numéro unique des Documents internationaux de l’esprit nouveau. Si nous avions, Prampolini, Paul Dermée et moi-même, subordonné la revue aux probables lecteurs de l’époque, les trois quarts des textes n’auraient jamais vu le jour. Il n’y avait là que des choses très nouvelles, très tranchantes et, si ces idées semblent naturelles aujourd’hui, il n’en était pas de même en 1927… nous ne devions donc pas les faire paraître ? Attendre que l’époque où le public soit en phase avec nous ? À ce moment-là, aucune revue n’aurait imprimé le texte de Marinetti sur la critique, ni ceux de Schwitters ou de Mondrian… ni, du reste, les textes de Het Overzicht  pas plus que ceux de Cercle et carré en 1930. C’est cela la ‘mission’ d’une revue d’avant-garde. »

Extrait de

Michel Seuphor, Un siècle de libertés.

Entretiens avec Alexandre Grenier, éditions Fernand Hazan.

« Pourquoi j’ai fait des revues toute ma vie ou presque ? Parce que je crois à une chose essentielle : il ne faut jamais être subordonné, travailler pour les autres. Il ne faut pas donner aux autres sa liberté ou sa capacité de travail. Quand on a quelque chose à faire ou à dire, il faut donner cette capacité à soi-même et non à ceux qui pourraient en disposer à travers leur regard ou leur filtre. Alors, il faut créer le lieu dans lequel s’exprimer soi-même, et c’est le rôle de la revue. En outre, ce type de travail ne peut en aucun cas être subordonné à un devenir. Prenez le numéro unique des Documents internationaux de l’esprit nouveau. Si nous avions, Prampolini, Paul Dermée et moi-même, subordonné la revue aux probables lecteurs de l’époque, les trois quarts des textes n’auraient jamais vu le jour. Il n’y avait là que des choses très nouvelles, très tranchantes et, si ces idées semblent naturelles aujourd’hui, il n’en était pas de même en 1927… nous ne devions donc pas les faire paraître ? Attendre que l’époque où le public soit en phase avec nous ? À ce moment-là, aucune revue n’aurait imprimé le texte de Marinetti sur la critique, ni ceux de Schwitters ou de Mondrian… ni, du reste, les textes de Het Overzicht  pas plus que ceux de Cercle et carré en 1930. C’est cela la ‘mission’ d’une revue d’avant-garde. »

Extrait de

Michel Seuphor, Un siècle de libertés.

Entretiens avec Alexandre Grenier, éditions Fernand Hazan.

De Klauwaert n°3

1er février 1919

Roeland

Roeland

DE KLAUWAERT & ROELAND

En 1919, Michel Seuphor fonde deux revues flamingantes. La première, De Klauwaert, aura cinq numéros et Roeland en aura deux.

« Dès ma sortie du collège, j’ai créé une petite revue flamingante qui s’appelait De KlauwaertL’homme à la griffe »), petite feuille sur papier bleu, que je rédigeais presque seul et que je faisais imprimer à mes frais. C’était un cri de guerre flamingant. J’allais la vendre à mes anciens condisciples, à la sortie du collège. Le numéro un parut en janvier 1919, alors que je n’avais pas 18 ans. Mon premier métier a donc été journaliste amateur.
J’ai fait quatre numéros et le succès a été tel qu’un groupe d’anciens élèves de plusieurs écoles de la ville est venu me dire : « vous ne pouvez continuer seul. Cela doit passer entre nos mains. Nous lui donnerons plus de diffusion, mais nous continuerons comme vous avez commencé. » Ils m’ont ainsi arraché ma petite revue, qu’ils ont appelé Stormla tempête ») avec pour sous-titre quelque chose comme « Hebdomadaire des jeunesses flamingantes ». Storm existait encore quelques mois avant la déclaration de guerre de 1939. »

Michel Seuphor,

Une vie à angle droit

1988

Plus tard, dans la même année encore, avec son ami Jules van Beek, il fonde Roeland, de même format que De Klauwaert mais sur papier gris cette fois. C’est dans Roeland qu’il publie ses premiers poèmes, puissamment mû par un besoin de découverte et d’indépendance.

DE KLAUWAERT & ROELAND

En 1919, Michel Seuphor fonde deux revues flamingantes. La première, De Klauwaert, aura cinq numéros et Roeland en aura deux.

« Dès ma sortie du collège, j’ai créé une petite revue flamingante qui s’appelait De KlauwaertL’homme à la griffe »), petite feuille sur papier bleu, que je rédigeais presque seul et que je faisais imprimer à mes frais. C’était un cri de guerre flamingant. J’allais la vendre à mes anciens condisciples, à la sortie du collège. Le numéro un parut en janvier 1919, alors que je n’avais pas 18 ans. Mon premier métier a donc été journaliste amateur.
J’ai fait quatre numéros et le succès a été tel qu’un groupe d’anciens élèves de plusieurs écoles de la ville est venu me dire : « vous ne pouvez continuer seul. Cela doit passer entre nos mains. Nous lui donnerons plus de diffusion, mais nous continuerons comme vous avez commencé. » Ils m’ont ainsi arraché ma petite revue, qu’ils ont appelé Stormla tempête ») avec pour sous-titre quelque chose comme « Hebdomadaire des jeunesses flamingantes ». Storm existait encore quelques mois avant la déclaration de guerre de 1939. »

Michel Seuphor,

Une vie à angle droit

1988

Plus tard, dans la même année encore, avec son ami Jules van Beek, il fonde Roeland, de même format que De Klauwaert mais sur papier gris cette fois. C’est dans Roeland qu’il publie ses premiers poèmes, puissamment mû par un besoin de découverte et d’indépendance.

De Klauwaert n°3

1er février 1919

Roeland

Roeland

Het Overzicht

n° 1, 15 juin 1921

Het Overzichtn° 1,
Manifest-Inleiding

Het Overzichtn° 1,
Manifest-Inleiding

Het Overzicht

n° 1, Anti-Nietzsche
F. Berckelaers

Het Overzicht

n° 1, Anti-Nietzsche
F. Berckelaers

Het Overzicht

n° 2, 1921

Het Overzicht

n° 3-4, Août 1921

Het Overzicht

n° 7-8, Octobre 1921

Het Overzicht

n° 12, Septembre 1922

Het Overzicht

n° 14, Décembre 1922
Couverture J. Peeters

Het Overzicht

n° 15, Mars-Avril 1923

Couverture Servranckx

Het Overzicht, n° 15, Mars-Avril 1923

De natuur, Zij, De mens, Hij
F. Berckelaers

Het Overzicht

n° 17, 1923

Couverture de Delaunay

Het Overzicht

n° 20

Couverture Willinks

Het Overzicht, n° 20

Over Kunst in 12 Punt

F. Berckelaers

Het Overzicht, n° 20

Over Kunst in 12 Punt

F. Berckelaers

Het Overzicht, n° 20

Over Kunst in 12 Punt

F. Berckelaers

Het Overzicht, n° 20

Over Kunst in 12 Punt

F. Berckelaers

Het Overzicht

n° 22-23-24

Cabaret, Février 1925
Couverture J. Peeters

Het Overzicht

n° 22-23-24

Cabaret, Février 1925

Het Overzicht

n° 22-23-24

Cabaret, quatrième de couverture avec une liste des revues modernistes
Février 1925

Het Overzicht

Carnet de Bric à Brac, n° 21

Het Overzicht

Nationale Kunst, Kurt Schwitters, Het Overzicht, Cabaret

HET OVERZICHT

Parallèlement à son combat pour la défense de la langue flamande, le jeune Fernand Berckelaers continue à lire beaucoup et acquiert une véritable conscience universelle. C’est sur cette base qu’il fonde une nouvelle revue en 1921 : Het Overzicht (le panorama), dont le premier numéro sort le 15 juin. Dans ce numéro, Seuphor se positionne radicalement à l’opposé des idées pangermanistes qui gangrènent celles des activistes flamingants.

« Moi, je ne veux pas de cela, surtout pas de l’idée du surhomme, développée à la suite de Nietzsche. À tel point que dans le premier numéro de Het Overzicht, signé de mon véritable nom, Fernand Berckelaers, paraît un article intitulé « anti–Nietzsche » qui s’opposent au surhomme. L’humain avec ses possibilités, ses grandeurs et ses faiblesses. Le surhumain, je ne marche pas ! »

Extrait de

Michel Seuphor, un siècle de libertés

entretiens avec Alexandre Grenier, éditions Hazan.

Avec Het Overzicht, Seuphor entend casser les règles de l’écriture et élargir son horizon. Il a découvert le pacifisme, en particulier à travers des écrits de Romain Rolland, et partage ses idées avec une petite poignée d’amis. Leur mot d’ordre : « plus jamais la guerre ! » Et cela dépasse de beaucoup, pour lui, l’importance du flamingantisme. Il devient passionnément anti nationaliste et défend ses idées jusqu’au numéro sept de la revue qui s’ouvre ensuite beaucoup plus à l’art et à l’avant-garde plastique. La conférence de Théo van Doesburg qui développe la philosophie du néoplasticisme de Mondrian, à l’athénée d’Anvers, en 1921, est l’événement qui bouleverse le jeune Seuphor. À partir de ce moment-là, il associe le peintre anversois Joseph Peeters à la direction de la revue et entreprend des échanges avec toutes les autres revues d’avant-garde européenne : Der Sturm, de Stijl, L’esprit nouveau, the little revue, Les feuilles libres. La signature de ses poèmes et de ses articles devient exclusivement celle de Seuphor. Reconnaissant dans le dadaïsme une tendance universelle vers l’abstraction, il entre en contact, dès 1922, avec les tenants du dadaïsme, invitant Kurt Schwitters et Tristan Tzara à collaborer.

Het Overzichtn° 2, 1921

Iets over Tolstoï
F. Berckelaers

Het Overzichtn° 2, 1921

Iets over Tolstoï
F. Berckelaers

Het Overzichtn° 2, 1921

Iets over Tolstoï
F. Berckelaers

Het Overzichtn° 2, 1921

Iets over Tolstoï
F. Berckelaers

Het Overzichtn° 2, 1921

Iets over Tolstoï
F. Berckelaers

Het Overzicht

n° 5-6-9, Septembre 1921

Het Overzicht

n° 9-10, Décembre 1921

Het Overzicht

n° 13, Novembre 1922

Couverture de J. Peeters

Het Overzicht

n° 13, Novembre 1922

Liste des contributeurs

Het Overzicht, n° 13, Novembre 1922

Postulaat
F. Berckelaers

Het Overzicht, n° 13, Novembre 1922

Postulaat
F. Berckelaers

Het Overzicht, n° 13, Novembre 1922

Postulaat
F. Berckelaers

Het Overzicht

n° 16, Mai-Juin 1922
Couverture L. Moholy-Nagy

Het Overzicht

n° 16, Mai-Juin 1922

Te Parijs in trombe, M. Seuphor

Het Overzicht

n° 16, Mai-Juin 1922

Antwerpen Maart Zon, M. Seuphor

Het Overzicht

n° 16, Mai-Juin 1922

Antwerpen Maart Zon, M. Seuphor

Het Overzicht

n° 18-19, Octobre 1923
Couverture Jos Leonard

Het Overzicht

n° 18-19, Octobre 1923

Liste des contributeurs

Het Overzicht

n° 21
Couverture J. J. P. Oud

HET OVERZICHT

Parallèlement à son combat pour la défense de la langue flamande, le jeune Fernand Berckelaers continue à lire beaucoup et acquiert une véritable conscience universelle. C’est sur cette base qu’il fonde une nouvelle revue en 1921 : Het Overzicht (le panorama), dont le premier numéro sort le 15 juin. Dans ce numéro, Seuphor se positionne radicalement à l’opposé des idées pangermanistes qui gangrènent celles des activistes flamingants.

« Moi, je ne veux pas de cela, surtout pas de l’idée du surhomme, développée à la suite de Nietzsche. À tel point que dans le premier numéro de Het Overzicht, signé de mon véritable nom, Fernand Berckelaers, paraît un article intitulé « anti–Nietzsche » qui s’opposent au surhomme. L’humain avec ses possibilités, ses grandeurs et ses faiblesses. Le surhumain, je ne marche pas ! »

Extrait de

Michel Seuphor, un siècle de libertés

entretiens avec Alexandre Grenier, éditions Hazan.

Avec Het Overzicht, Seuphor entend casser les règles de l’écriture et élargir son horizon. Il a découvert le pacifisme, en particulier à travers des écrits de Romain Rolland, et partage ses idées avec une petite poignée d’amis. Leur mot d’ordre : « plus jamais la guerre ! » Et cela dépasse de beaucoup, pour lui, l’importance du flamingantisme. Il devient passionnément anti nationaliste et défend ses idées jusqu’au numéro sept de la revue qui s’ouvre ensuite beaucoup plus à l’art et à l’avant-garde plastique. La conférence de Théo van Doesburg qui développe la philosophie du néoplasticisme de Mondrian, à l’athénée d’Anvers, en 1921, est l’événement qui bouleverse le jeune Seuphor. À partir de ce moment-là, il associe le peintre anversois Joseph Peeters à la direction de la revue et entreprend des échanges avec toutes les autres revues d’avant-garde européenne : Der Sturm, de Stijl, L’esprit nouveau, the little revue, Les feuilles libres. La signature de ses poèmes et de ses articles devient exclusivement celle de Seuphor. Reconnaissant dans le dadaïsme une tendance universelle vers l’abstraction, il entre en contact, dès 1922, avec les tenants du dadaïsme, invitant Kurt Schwitters et Tristan Tzara à collaborer.

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Couverture de J. Peeters

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Couverture L. Moholy-Nagy

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Te Parijs in trombe, M. Seuphor

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Antwerpen Maart Zon, M. Seuphor

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Manifest-Inleiding

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n° 1, Anti-Nietzsche
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Iets over Tolstoï
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Iets over Tolstoï
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liste des contributeurs

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Couverture Servranckx

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De natuur, Zij, De mens, Hij
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Couverture Willinks

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Over Kunst in 12 Punt

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Over Kunst in 12 Punt

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Over Kunst in 12 Punt

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Over Kunst in 12 Punt

F. Berckelaers

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n° 22-23-24

Cabaret, Février 1925
Couverture J. Peeters

Het Overzicht

n° 22-23-24

Cabaret (intérieur de couverture), Février 1925

Het Overzicht

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Cabaret, quatrième de couverture avec une liste des revues modernistes
Février 1925

Les documents internationaux de l'esprit nouveaux

Les documents internationaux de l'esprit nouveau

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Documents internationaux de l'esprit nouveau

(spécimen de 16 pages tirées du n° 1) (letterenhuis Antwerpen)

LES DOCUMENTS INTERNATIONAUX DE L’ESPRIT NOUVEAU

En 1925, Seuphor s’installe définitivement à Paris, il a mis fin à la revue Het Overzicht et aborde une période extrêmement prolifique, riche de rencontres, en particulier avec ceux qui allaient devenir les grands maîtres de l’art de ce siècle : Mondrian, Schwitters, Delaunay, Arp, Taeuber, Léger, Vantongerloo. Paul Dermée est l’un de ses grands amis, c’est avec lui qu’il crée la revue Les documents internationaux de l’esprit nouveau.

« Lors de ma visite à Paris en 1923, j’avais aussi rencontré Le Corbusier dans son atelier. Là, j’avais fait la connaissance de Paul Dermée. Lorsqu’il s’était fait évincer de la revue L’Esprit Nouveau par Le Corbusier et Ozenfant, il était parti… avec le titre, qui lui appartenait. Cette discorde ressemblait fort à celle que j’avais eue avec Peeters au sujet de Het Overzicht, un différend sur l’orientation du contenu rédactionnel. Apparemment, Le Corbusier et Ozenfant tiraient la revue vers l’architecture et les arts plastiques, leur préoccupation, et Dermée ne l’acceptait pas. Mais, sur cette querelle, se greffaient aussi des intérêts autres : la revue était soutenue par la grande industrie, or les options de Dermée, qui voulait que la littérature soit aussi bien représentée que les arts plastiques, ne servaient en rien le grand commerce. C’est pourquoi Le Corbusier et Ozenfant n’avait pas pris de gants avec lui… c’est donc en association avec Dermée, auquel était venu se joindre Enrico Prampolini, que j’ai ressuscité L’Esprit nouveau en lui ajoutant le préfixe « documents internationaux ». ( … )

« La revue était à l’image de ceux qui la composaient : constructiviste, futuriste, expressionniste et dadaïste, comme la décrit un tract que nous avions imprimé, destiné à être « lancé par avion »… mais en fait que seuls reçurent sur la tête, depuis le balcon où nous étions, les spectateurs d’un théâtre ! … Les documents internationaux de l’esprit nouveau, c’est déjà l’Europe en marche. Paris, Rome, Berlin, La Haye, Anvers, Weimar… il y avait dans toutes ces villes des gens qui travaillaient sur le futur, notre revue se devait d’en parler. Toutefois elle a été oubliée. Il y a quelques années s’est tenue à Beaubourg une grande exposition intitulée « Paris ̶ Berlin ». Elle était accompagnée d’un énorme catalogue, qui se voulait le reflet des échanges et de ce qui se faisait dans ces deux villes dans la première moitié du siècle. À aucun moment, il ne fait allusion aux Documents internationaux de l’esprit nouveau et, pourtant, c’était sûrement en 1927 l’un des rares liens entre les deux villes. Malheureusement, la revue n’a eu qu’un seul numéro. N’étant pas subventionnée, comme L’Esprit nouveau, par le grand commerce… mais par la bourse d’une comtesse italienne amie de Prampolini. Nous n’avons jamais su ce qui s’était passé entre Prampolini et sa comtesse, mais le peintre n’a jamais eu cet argent et la revue a sombré. »

Michel Seuphor, Un siècle de libertés,
1988. p 85-89

Les documents internationaux de l'esprit nouveau

Tract

LES DOCUMENTS INTERNATIONAUX DE L’ESPRIT NOUVEAU

En 1925, Seuphor s’installe définitivement à Paris, il a mis fin à la revue Het Overzicht et aborde une période extrêmement prolifique, riche de rencontres, en particulier avec ceux qui allaient devenir les grands maîtres de l’art de ce siècle : Mondrian, Schwitters, Delaunay, Arp, Taeuber, Léger, Vantongerloo. Paul Dermée est l’un de ses grands amis, c’est avec lui qu’il crée la revue Les documents internationaux de l’esprit nouveau.

« Lors de ma visite à Paris en 1923, j’avais aussi rencontré Le Corbusier dans son atelier. Là, j’avais fait la connaissance de Paul Dermée. Lorsqu’il s’était fait évincer de la revue L’Esprit Nouveau par Le Corbusier et Ozenfant, il était parti… avec le titre, qui lui appartenait. Cette discorde ressemblait fort à celle que j’avais eue avec Peeters au sujet de Het Overzicht, un différend sur l’orientation du contenu rédactionnel. Apparemment, Le Corbusier et Ozenfant tiraient la revue vers l’architecture et les arts plastiques, leur préoccupation, et Dermée ne l’acceptait pas. Mais, sur cette querelle, se greffaient aussi des intérêts autres : la revue était soutenue par la grande industrie, or les options de Dermée, qui voulait que la littérature soit aussi bien représentée que les arts plastiques, ne servaient en rien le grand commerce. C’est pourquoi Le Corbusier et Ozenfant n’avait pas pris de gants avec lui… c’est donc en association avec Dermée, auquel était venu se joindre Enrico Prampolini, que j’ai ressuscité L’Esprit nouveau en lui ajoutant le préfixe « documents internationaux ». ( … )

« La revue était à l’image de ceux qui la composaient : constructiviste, futuriste, expressionniste et dadaïste, comme la décrit un tract que nous avions imprimé, destiné à être « lancé par avion »… mais en fait que seuls reçurent sur la tête, depuis le balcon où nous étions, les spectateurs d’un théâtre ! … Les documents internationaux de l’esprit nouveau, c’est déjà l’Europe en marche. Paris, Rome, Berlin, La Haye, Anvers, Weimar… il y avait dans toutes ces villes des gens qui travaillaient sur le futur, notre revue se devait d’en parler. Toutefois elle a été oubliée. Il y a quelques années s’est tenue à Beaubourg une grande exposition intitulée « Paris ̶ Berlin ». Elle était accompagnée d’un énorme catalogue, qui se voulait le reflet des échanges et de ce qui se faisait dans ces deux villes dans la première moitié du siècle. À aucun moment, il ne fait allusion aux Documents internationaux de l’esprit nouveau et, pourtant, c’était sûrement en 1927 l’un des rares liens entre les deux villes. Malheureusement, la revue n’a eu qu’un seul numéro. N’étant pas subventionnée, comme L’Esprit nouveau, par le grand commerce… mais par la bourse d’une comtesse italienne amie de Prampolini. Nous n’avons jamais su ce qui s’était passé entre Prampolini et sa comtesse, mais le peintre n’a jamais eu cet argent et la revue a sombré. »

Michel Seuphor, Un siècle de libertés,
1988. p 85-89

Les documents internationaux de l'esprit nouveau

Tract

Les documents internationaux de l'esprit nouveaux

Les documents internationaux de l'esprit nouveau

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Documents internationaux de l'esprit nouveau

(spécimen de 16 pages tirées du n° 1) (letterenhuis Antwerpen)

1930, un diner au restaurant Voltaire. De gauche à droite R.Delaunay, Arp, Stazewsky, debout Giacelli, Florence Henri, Seuphor, Brzekowski, Pouma, Vantongerloo, Les Werner, S Taeuber, Mondrian, S.Delaunay

Chez Paul Dermée à Paris, 9 Juin 1928. De gauche à droite : Debout : Michel Seuphor, Piet Mondrian, Georges Vantongerloo, Luigi Ruissolo, Ilarie Voronca, Paul Dermée, Tysliava. Assis : Céline Arnaud, Rafalowski, Henri Stazewski

« Cercle et Carré »

dans le sous sol de la galerie 23. Au premier plan, à gauche, Antoine Pevsner, accroupis à côté du tonneau : Michel Seuphor, et près de lui, baissé, Hans Arp.

Cercle et carré

n° 1

Cercle et carré

n°1

Cercle et carré

n°1

Cercle et carré

n°1

Cercle et carré

n°1

Cercle et carré

n°1

Cercle et carré

n°1

Cercle et carré

n°1

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

Cercle et carré

n°2

CERCLE ET CARRÉ

Pour comprendre la naissance du mouvement Cercle et Carré et de sa revue, il convient d’évoquer le mouvement dada qui éblouit Seuphor dès ses premières rencontres à Paris. Le mouvement était sur son déclin mais il subsistait beaucoup de ses idées et de son esprit. Seuphor le considère comme l’un des courants majeurs du XXe siècle, l’une des deux pierres angulaires sur lesquelles celui-ci s’est fondé, l’autre étant l’art abstrait, issu du cubisme, capable d’ériger un monde complètement nouveau, non figuratif, à côté duquel il y a la protestation ironique de dada.

Jean Arp et sa femme, Sophie Taeuber, sont des dadaïstes de la première heure. Ils rejoignent le petit groupe informel qui se réunit tous les dimanches, dans l’appartement que Seuphor occupe, en région parisienne, avec sa compagne de l’époque Ingeborg Bjarnasson. D’abord constitué de Seuphor, Vantongerloo, Russolo et Mondrian, le groupe intègre d’autres personnalités artistiques, telles que Pevsner et sa femme, Honneger, et le peintre Joaquin Torrès-Garcia qui exprime, le premier, l’idée de rendre visible le groupe et ses idées, à l’opposé de celles du surréalisme qui règne sur Paris sous la férule d’André Breton et l’influence de la psychanalyse. Le groupe Cercle et Carré grossit avec l’arrivée de Kandinsky, Baumeister, Moholy- Nagy etc. Fort d’une cinquantaine de membres, il ne peut continuer ses réunions dans le petit 2 pièces de Vanves et établit ses réunions au Café Voltaire, place de l’Odéon. Étonnante coïncidence pour certains membres, comme Arp et Sophie Taeuber, qui ont été parmi les premiers dadaïstes au Cabaret Voltaire de Zürich ! Les réunions du groupe sont très mouvementées et c’est Seuphor qui propose de se concentrer sur l’idée de structure à travers les formes du cercle et du carré et demande au peintre Daura d’improviser un logo. Celui-ci obtient aussitôt les suffrages des membres et le nom de Cercle et Carré est adopté comme nom pour le groupe et titre de la revue par laquelle il compte s’exprimer. Seuphor est désigné comme directeur de la revue.

Cercle et Carré ne dure qu’une année mais le groupe est international et très actif. Il édite trois numéros qui connaissent un vif succès. Le n°3, tiré à 1200 exemplaires est distribué dans seulement deux librairies de Montparnasse et tous les exemplaires sont vendus en quelques semaines.
En 1930, le groupe organise sa première et unique exposition qui réunit un nombre important d’artistes dont beaucoup deviendront des piliers de l’art du XXème siècle : Gorin, Mondrian, Sophie Taeuber, Jean Arp, Le Corbusier, Schwitters, Fillia… et bien d’autres. Grâce aux contacts que Seuphor a établit au cours de ses voyages-et en particuliers au Bauhaus des articles paraissent en Europe à Prague, en Pologne… mais à Paris, l’exposition ne bénéficie que de deux minces entrefilets dans la presse. Pour les artistes, c’est un fiasco. L’internationalisme n’est pas du goût du jour dans la France xénophobe de l’entre-deux-guerres qui ne connaît de moderne que le mouvement surréaliste.
Une activité débordante mais mal reconnue ainsi qu’un manque cruel d’argent pour se nourrir a miné la santé de Seuphor qui déclenche une pleurésie et frôle la mort. Ses amis se cotisent pour l’envoyer dans un sanatorium à Grasse dont il sortira, quatre mois plus tard, vivant mais profondément transformé. Entre-temps, Vantongerloo en a profité pour faire main basse sur sa machine à écrire et sur tous ses contacts pour fonder « Abstraction-Création ». Torrès-Garcia, rentré en Amérique latine avec le titre se présente là-bas comme le fondateur de la revue sans jamais citer Seuphor. Tous ces événements atteignent profondément Seuphor ; il se désintéresse subitement de l’Art moderne.
S. Berckelaers

UNE VIE À ANGLE DROIT

Extrait, 1988

« Nous ne disposions d’aucun local pour organiser les expositions du groupe. Il fallait de l’argent et nous n’en avions pas. Personne n’était riche, loin de là. Nous avions établi une cotisation et les membres de cercle et Carré devaient payer 25 Fr. par mois. Il y avait deux réunions mensuelles dans un café parisien. Nous étions chaque fois entre 20 et 30 personnes, tous des artistes. J’étais le seul écrivain. Je faisais de grandes gouaches à l’époque, mais je n’en tenais pas compte et ne me considérais pas comme peintre. J’étais le poète du groupe et l’écrivain, celui qui traduisait, le Dolmetscher (l’interprète). Nous sommes allés visiter une grande salle rue La Boétie et nous avons fait un contrat rédigé à la main, signé de Vantongerloo, Luigi Russolo, Torres-Garcia et moi-même. Le groupe a décidé qu’il y aurait une publication cercle et Carré et que j’en serais le directeur responsable. Les rencontres étaient toujours épiques, car tout le monde parlait en même temps. Les réunions du groupe étaient un pur tumulte du commencement à la fin. Il ne pouvait rien en sortir. Tous voulaient parler, certains très fort. Vantongerloo avait des théories. Pevsner défendait des dogmes. Mondrian ne parlait pas. Torres-Garcia essayait, mais il parlait très mal le français. Moi je n’intervenais pas. Quand c’était terminé, je me disais : « ils sont venus, ils viennent toujours ». En effet quinze jours après, ils étaient à nouveau tous là. Je rédigeais les comptes-rendus de ces réunions. J’écrivais ce que je voulais, car dans le tumulte l’un disait une chose, l’autre une autre. Je faisais à ma manière. C’est en réalité ma nature pacifique, ma souplesse d’action et ma décision de tout faire à ma guise qui ont sauvé le mouvement.

Le nom du groupe est venu de moi. Depuis ma jeunesse j’étais bercé par l’idée du cercle et du carré, par le yin et le yang, le ciel et la terre, le Yi King. J’ai proposé cela comme un résumé, d’un abord facile. Ils ont tous étés d’accord alors qu’auparavant on s’était disputé ferme sur un titre. J’avais proposé l’idée de structure, figurative ou non, mais essentiellement de structure. Ceci par opposition au surréalisme, uniquement littéraire, psychanalytique. Mais structure ne ralliait pas toute la majorité non plus. Un jour j’ai demandé à Daura, un des membres qui faisait de très beaux dessins, de composer une vignette. Il en a fait une qui a ravi tout le monde. La revue et le groupe ont été fondés là-dessus. Malheureusement, cela a peu duré. Les premières réunions se sont tenues au café Voltaire, place de l’Odéon vers novembre 1929. L’exposition a eu lieu en avril 1930. Elle réunissait Arp, Schwitters, Mondrian, Kandinsky, Baumeister, Gorin, Huszar, Le Corbusier, Léger, Ozenfant, Pevsner, Vordemberge–Gildewart, Sophie Taeuber, Marcel Cahn, Werkman, Vantongerloo, et d’autres.
Il y a eu le 15 mars un premier numéro. Puis deux autres après l’exposition. Je suis tombé malade alors que je préparais le quatrième numéro. Tout s’est écroulé. Je souffrais d’une pleurésie. J’ai du rester couché deux mois et le docteur m’a ordonné d’aller en convalescence dans le Midi. Mes amis se sont cotisés pour payer mon séjour à Grasse. J’ai passé quatre mois parmi des tuberculeux. J’étais, tous les jours, en contact avec la mort. Cela aurait dû entraîner la mienne, mais j’en suis sorti indemne. La ville de Grasse refusant les sanatoriums sur son territoire, les hôtels étaient des sanatoriums clandestins. Il ne fallait pas y mourir. On venait chercher les morts la nuit, silencieusement, comme si de rien n’était. Je déjeunais et dînais avec des jeunes gens délicieux qui ne réapparaissaient pas au petit déjeuner du lendemain. Ils étaient sortis pour toujours…. »

MICHEL SEUPHOR, UN SIÈCLE DE LIBERTÉS

Extrait, 1996
« Quatre mois plus tard, le docteur qui me soignait, un grand spécialiste de la tuberculose, me conseille de rentrer à Paris. L’été venant, il pense que j’y serais moins en danger que sur la Côte d’Azur. Je rentre donc, pour m’apercevoir que mon appartement avait été cédé à quelqu’un d’autre par mon amie islandaise. Elle était partie en emportant tout ce qui m’appartenait ! De plus, elle avait donné tous les documents concernant Cercle et Carré à Vantongerloo, qui en avait profité pour fonder un nouveau mouvement, Abstraction–Création –qui n’avait pas encore ce nom–, avec tous les documents volés chez moi ! Là, c’est opéré une mutation profonde. Ce que j’avais vécu et connu à Grasse, ce vol de mes affaires – surtout de ma machine à écrire – m’ont dégoûté de tout et m’ont conduit à me désintéresser subitement de l’Art moderne (…)
Je suis alors allé voir mes amis imprimeurs, des juifs polonais exquis, frères et sœur, les Mitskoun, chez qui était imprimée la revue Cercle et Carré. Me voyant dans le plus grand besoin, ils m’ont aussitôt offert un emploi comme correcteur et surtout comme directeur de toute la partie française de leurs activités. Ils m’ont traité comme si j’étais leur enfant. Ils savaient que, sortant du sanatorium, je risquais de rechuter. Seule solution : il fallait que je mange, surtout de la viande. Alors, chaque jour, j’allais chez eux, à Courbevoie, où m’attendait une Polonaise cordon-bleu qui préparait non pas un repas, mais un festin et ils m’obligeaient à manger. C’était vraiment exquis. Ils m’ont sauvé la vie. Ils étaient la bonté même. Aussi ne sont-ils pas revenus des camps de concentration. C’était des gens pétris de culture et surtout passionnés de métaphysique. Ils voulaient toujours discuter pendant des heures avec moi, et le travail ne se faisait pas. J’étais payé et nourri… à discuter ! Une vraie famille. »

Extrait de :

Michel Seuphor, un siècle de libertés

Entretiens avec Alexandre Grenier

CERCLE ET CARRÉ

Pour comprendre la naissance du mouvement Cercle et Carré et de sa revue, il convient d’évoquer le mouvement dada qui éblouit Seuphor dès ses premières rencontres à Paris. Le mouvement était sur son déclin mais il subsistait beaucoup de ses idées et de son esprit. Seuphor le considère comme l’un des courants majeurs du XXe siècle, l’une des deux pierres angulaires sur lesquelles celui-ci s’est fondé, l’autre étant l’art abstrait, issu du cubisme, capable d’ériger un monde complètement nouveau, non figuratif, à côté duquel il y a la protestation ironique de dada.

Jean Arp et sa femme, Sophie Taeuber, sont des dadaïstes de la première heure. Ils rejoignent le petit groupe informel qui se réunit tous les dimanches, dans l’appartement que Seuphor occupe, en région parisienne, avec sa compagne de l’époque Ingeborg Bjarnasson. D’abord constitué de Seuphor, Vantongerloo, Russolo et Mondrian, le groupe intègre d’autres personnalités artistiques, telles que Pevsner et sa femme, Honneger, et le peintre Joaquin Torrès-Garcia qui exprime, le premier, l’idée de rendre visible le groupe et ses idées, à l’opposé de celles du surréalisme qui règne sur Paris sous la férule d’André Breton et l’influence de la psychanalyse. Le groupe Cercle et Carré grossit avec l’arrivée de Kandinsky, Baumeister, Moholy- Nagy etc. Fort d’une cinquantaine de membres, il ne peut continuer ses réunions dans le petit 2 pièces de Vanves et établit ses réunions au Café Voltaire, place de l’Odéon. Etonnante coïncidence pour certains membres, comme Arp et Sophie Taeuber, qui ont été parmi les premiers dadaïstes au Cabaret Voltaire de Zürich ! Les réunions du groupe sont très mouvementées et c’est Seuphor qui propose de se concentrer sur l’idée de structure à travers les formes du cercle et du carré et demande au peintre Daura d’improviser un logo. Celui-ci obtient aussitôt les suffrages des membres et le nom de Cercle et Carré est adopté comme nom pour le groupe et titre de la revue par laquelle il compte s’exprimer. Seuphor est désigné comme directeur de la revue.

Cercle et Carré ne dure qu’une année mais le groupe est international et très actif. Il édite trois numéros qui connaissent un vif succès. Le n°3, tiré à 1200 exemplaires est distribué dans seulement deux librairies de Montparnasse et tous les exemplaires sont vendus en quelques semaines.
En 1930, le groupe organise sa première et unique exposition qui réunit un nombre important d’artistes dont beaucoup deviendront des piliers de l’art du XXème siècle : Gorin, Mondrian, Sophie Taeuber, Jean Arp, Le Corbusier, Schwitters, Fillia… et bien d’autres. Grâce aux contacts que Seuphor a établit au cours de ses voyages-et en particuliers au Bauhaus des articles paraissent en Europe à Prague, en Pologne… mais à Paris, l’exposition ne bénéficie que de deux minces entrefilets dans la presse. Pour les artistes, c’est un fiasco. L’internationalisme n’est pas du goût du jour dans la France xénophobe de l’entre-deux-guerres qui ne connaît de moderne que le mouvement surréaliste.
Une activité débordante mais mal reconnue ainsi qu’un manque cruel d’argent pour se nourrir a miné la santé de Seuphor qui déclenche une pleurésie et frôle la mort. Ses amis se cotisent pour l’envoyer dans un sanatorium à Grasse dont il sortira, quatre mois plus tard, vivant mais profondément transformé. Entre-temps, Vantongerloo en a profité pour faire main basse sur sa machine à écrire et sur tous ses contacts pour fonder « Abstraction-Création ». Torrès-Garcia, rentré en Amérique latine avec le titre se présente là-bas comme le fondateur de la revue sans jamais citer Seuphor. Tous ces événements atteignent profondément Seuphor ; il se désintéresse subitement de l’Art moderne.
S. Berckelaers

UNE VIE À ANGLE DROIT

Extrait, 1988

« Nous ne disposions d’aucun local pour organiser les expositions du groupe. Il fallait de l’argent et nous n’en avions pas. Personne n’était riche, loin de là. Nous avions établi une cotisation et les membres de cercle et Carré devaient payer 25 Fr. par mois. Il y avait deux réunions mensuelles dans un café parisien. Nous étions chaque fois entre 20 et 30 personnes, tous des artistes. J’étais le seul écrivain. Je faisais de grandes gouaches à l’époque, mais je n’en tenais pas compte et ne me considérais pas comme peintre. J’étais le poète du groupe et l’écrivain, celui qui traduisait, le Dolmetscher (l’interprète). Nous sommes allés visiter une grande salle rue La Boétie et nous avons fait un contrat rédigé à la main, signé de Vantongerloo, Luigi Russolo, Torres-Garcia et moi-même. Le groupe a décidé qu’il y aurait une publication cercle et Carré et que j’en serais le directeur responsable. Les rencontres étaient toujours épiques, car tout le monde parlait en même temps. Les réunions du groupe étaient un pur tumulte du commencement à la fin. Il ne pouvait rien en sortir. Tous voulaient parler, certains très fort. Vantongerloo avait des théories. Pevsner défendait des dogmes. Mondrian ne parlait pas. Torres-Garcia essayait, mais il parlait très mal le français. Moi je n’intervenais pas. Quand c’était terminé, je me disais : « ils sont venus, ils viennent toujours ». En effet quinze jours après, ils étaient à nouveau tous là. Je rédigeais les comptes-rendus de ces réunions. J’écrivais ce que je voulais, car dans le tumulte l’un disait une chose, l’autre une autre. Je faisais à ma manière. C’est en réalité ma nature pacifique, ma souplesse d’action et ma décision de tout faire à ma guise qui ont sauvé le mouvement.

Le nom du groupe est venu de moi. Depuis ma jeunesse j’étais bercé par l’idée du cercle et du carré, par le yin et le yang, le ciel et la terre, le Yi King. J’ai proposé cela comme un résumé, d’un abord facile. Ils ont tous étés d’accord alors qu’auparavant on s’était disputé ferme sur un titre. J’avais proposé l’idée de structure, figurative ou non, mais essentiellement de structure. Ceci par opposition au surréalisme, uniquement littéraire, psychanalytique. Mais structure ne ralliait pas toute la majorité non plus. Un jour j’ai demandé à Daura, un des membres qui faisait de très beaux dessins, de composer une vignette. Il en a fait une qui a ravi tout le monde. La revue et le groupe ont été fondés là-dessus. Malheureusement, cela a peu duré. Les premières réunions se sont tenues au café Voltaire, place de l’Odéon vers novembre 1929. L’exposition a eu lieu en avril 1930. Elle réunissait Arp, Schwitters, Mondrian, Kandinsky, Baumeister, Gorin, Huszar, Le Corbusier, Léger, Ozenfant, Pevsner, Vordemberge–Gildewart, Sophie Taeuber, Marcel Cahn, Werkman, Vantongerloo, et d’autres.
Il y a eu le 15 mars un premier numéro. Puis deux autres après l’exposition. Je suis tombé malade alors que je préparais le quatrième numéro. Tout s’est écroulé. Je souffrais d’une pleurésie. J’ai du rester couché deux mois et le docteur m’a ordonné d’aller en convalescence dans le Midi. Mes amis se sont cotisés pour payer mon séjour à Grasse. J’ai passé quatre mois parmi des tuberculeux. J’étais, tous les jours, en contact avec la mort. Cela aurait dû entraîner la mienne, mais j’en suis sorti indemne. La ville de Grasse refusant les sanatoriums sur son territoire, les hôtels étaient des sanatoriums clandestins. Il ne fallait pas y mourir. On venait chercher les morts la nuit, silencieusement, comme si de rien n’était. Je déjeunais et dînais avec des jeunes gens délicieux qui ne réapparaissaient pas au petit déjeuner du lendemain. Ils étaient sortis pour toujours…. »

MICHEL SEUPHOR, UN SIÈCLE DE LIBERTÉS

Extrait, 1996
« Quatre mois plus tard, le docteur qui me soignait, un grand spécialiste de la tuberculose, me conseille de rentrer à Paris. L’été venant, il pense que j’y serais moins en danger que sur la Côte d’Azur. Je rentre donc, pour m’apercevoir que mon appartement avait été cédé à quelqu’un d’autre par mon amie islandaise. Elle était partie en emportant tout ce qui m’appartenait ! De plus, elle avait donné tous les documents concernant Cercle et Carré à Vantongerloo, qui en avait profité pour fonder un nouveau mouvement, Abstraction–Création –qui n’avait pas encore ce nom–, avec tous les documents volés chez moi ! Là, c’est opéré une mutation profonde. Ce que j’avais vécu et connu à Grasse, ce vol de mes affaires – surtout de ma machine à écrire – m’ont dégoûté de tout et m’ont conduit à me désintéresser subitement de l’Art moderne (…)
Je suis alors allé voir mes amis imprimeurs, des juifs polonais exquis, frères et sœur, les Mitskoun, chez qui était imprimée la revue Cercle et Carré. Me voyant dans le plus grand besoin, ils m’ont aussitôt offert un emploi comme correcteur et surtout comme directeur de toute la partie française de leurs activités. Ils m’ont traité comme si j’étais leur enfant. Ils savaient que, sortant du sanatorium, je risquais de rechuter. Seule solution : il fallait que je mange, surtout de la viande. Alors, chaque jour, j’allais chez eux, à Courbevoie, où m’attendait une Polonaise cordon-bleu qui préparait non pas un repas, mais un festin et ils m’obligeaient à manger. C’était vraiment exquis. Ils m’ont sauvé la vie. Ils étaient la bonté même. Aussi ne sont-ils pas revenus des camps de concentration. C’était des gens pétris de culture et surtout passionnés de métaphysique. Ils voulaient toujours discuter pendant des heures avec moi, et le travail ne se faisait pas. J’étais payé et nourri… à discuter ! Une vraie famille. »

Extrait de :

Michel Seuphor, un siècle de libertés

Entretiens avec Alexandre Grenier

1930, un diner au restaurant Voltaire. De gauche à droite R.Delaunay, Arp, Stazewsky, debout Giacelli, Florence Henri, Seuphor, Brzekowski, Pouma, Vantongerloo, Les Werner, S Taeuber, Mondrian, S.Delaunay

Chez Paul Dermée à Paris, 9 Juin 1928. De gauche à droite : Debout : Michel Seuphor, Piet Mondrian, Georges Vantongerloo, Luigi Ruissolo, Ilarie Voronca, Paul Dermée, Tysliava. Assis : Céline Arnaud, Rafalowski, Henri Stazewski

« Cercle et Carré »

dans le sous sol de la galerie 23. Au premier plan, à gauche, Antoine Pevsner, accroupis à côté du tonneau : Michel Seuphor, et près de lui, baissé, Hans Arp

Cercle et carré

n° 1

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La Nouvelle Campagne

n° VI, juillet 1935

La Nouvelle Campagne

n° VII, Octobre 1935

La Nouvelle Campagne

n° VIII, Décembre 1935

La Nouvelle Campagne

n° X-XI, Juin 1936

La Nouvelle Campagne

n° X-XI, illustration

La Nouvelle Campagne

n° X-XI, extrait 1'Affaire d'Ethiopie

La Nouvelle Campagne

n° X-XI, extrait 2 Rajeunissement de l'Europe

La Nouvelle Campagne

n° X-XI, extrait 3 Paradox sur les Internationales

La Nouvelle Campagne

n° XII, 1er Septembre 1936, Pro Justo

La Nouvelle Campagne

n° XII, illustration

La Nouvelle Campagne

n° XII, Pro Justo p 52

La Nouvelle Campagne

n° XII, Pro Justo p 53

La Nouvelle Campagne

n° XIII, 15 Octobre 1936

La Nouvelle Campagne

n° XXI, Février 1938

La Nouvelle Campagne

n° XXI, illustration

La Nouvelle Campagne

n° XXVIII-XXIX, Origine de la peur

La Nouvelle Campagne

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LA NOUVELLE CAMPAGNE

En 1934, Michel Seuphor, par l’intermédiaire de Jacques Maritain, entre en contact avec les pères blancs de Juvisy qui s’apprêtent à fonder l’hebdomadaire Sept.

« J’étais un peu courtisé par ces pères, qui voyaient en moi un néophyte animé par des idées jeunes et pétillantes. Je commence donc par écrire une sorte de roman un peu autobiographique, Histoires de grand dadais et j’envoie les premiers chapitres pour lecture. Ils paraissent aussitôt dans la revue et, très rapidement, on me montre que je suis chez moi, que je peux faire ce que je veux. Le fait d’être à Anduze ne m’avait pas du tout fermé les yeux et je continuais naturellement à me tenir au courant de ce qui se passait dans le monde. À une intervention de Mussolini au parlement italien suite à l’invasion de l’Éthiopie par ses armées – intervention durant laquelle il avait craché sur la France et la Société des Nations –, j’ai répondu en poète, en rédigeant un dialogue que j’ai intitulé Forces mauvaises, qui relatait une rencontre entre Hitler et Mussolini au cours de laquelle ils devisaient du destin de l’Europe. Texte accompagné du photomontage de cette rencontre. »

Michel Seuphor

Un siècle de liberté

1996

Le texte de Michel Seuphor paraît donc dans le magazine Sept, un texte visionnaire qui montrait bien, pour qui sait un peu lire, que tout était prévisible : les manifestations de 1934, la nuit de cristal, bref tout ce qui était déjà contenu dans Mein Kampf que Seuphor avait lu l’année précédente. S’étant déjà frotté au nationalisme des flamingants à Anvers, il en comprenait les ressorts et les discours et estimait que son expérience lui enjoignait de parler. Malheureusement, les idées nationalistes et extrémistes gagnent très rapidement du terrain. Corréa, l’éditeur de son livre Dans le royaume du coeur est reparti au Brésil et son fond a été repris par les éditions Buchet-Chastel. Seuphor est convié à déjeuner chez ses nouveaux éditeurs qui reviennent de Nuremberg, où ils ont assisté à un discours d’Hitler et il est atterré par leurs discours pronazis.

À Anduze, la survie du couple Seuphor est très difficile : « Pour tenter d’arrondir un peu notre budget, et grâce à une excellente machine à écrire que l’on avait offerte à Suzanne, je décide de faire une petite revue, La Nouvelle Campagne – tapée grâce au talent de dactylo de Suzanne –, qui nous vaut quelques abonnés. C’est de cela que nous avons vécu pendant cinq ans. Nous avions aussi un poulailler, un bout de jardin, mais il fallait un peu d’argent pour la correspondance. Les timbres pour expédier La Nouvelle Campagne constituaient notre plus grosse dépense. Et voilà que, au mois de juin 1937, j’apprends par un numéro de Sept et par une lettre qui l’accompagne, que Rome interdit la revue et oblige les dominicains à déclarer qu’elle est en faillite, qu’elle ne rentre pas dans ses frais et que, de ce fait, elle doit cesser de paraître. »

Seuphor comprend qu’il s’agit là d’une obligation de mensonge et apprend très vite que la raison profonde est une décision du Vatican à qui les positions politiques de la revue, notamment ses articles nettement antifascistes, déplaisait fortement. « Je décide donc que ma revue La Nouvelle Campagne doit prendre le relais de Sept, et j’y écris bon nombre d’articles contre le fascisme et contre Rome. L’arrêt de Sept est un coup terrible. Je reste chrétien, mais je quitte l’Église. »

Michel Seuphor,

Un siècle de liberté

1996

Le premier numéro de La Nouvelle Campagne date de décembre 1934, le trentième et dernier numéro est daté de juillet 1939. Susanne Berckelaers-Seuphor a raconté à sa petite fille Sophie le souvenir de sa fabrication : « j’intercalais jusqu’à sept carbones, ma machine n’en acceptait pas plus et je devais retaper au moins cinq fois le même texte pour atteindre le nombre voulu d’exemplaires à envoyer à nos abonnés. »
La Nouvelle Campagne est un véritable objet de reliance et le véhicule de la pensée de Michel Seuphor soutenu par son épouse. La diffusion n’en est pas aisée et le couple est obligé de rappeler, à l’intérieur de certains numéros, que la revue n’a pas d’autre soutient que son prix de vente et la fidélité des abonnés.

Chaque numéro aborde divers aspects de la vie et de la réflexion de l’auteur avec cette ouverture infaillible vers l’universel qui lui permet de mettre en abîme le plus mince sujet de réflexion : la naissance d’une fleur, les vendanges, la politique, la guerre, la peur, la trahison, le mensonge, la poésie et sa place unique et première dans la spiritualité de chacun.
S. Berckelaers

La Nouvelle Campagne

n° XXIII, Juin 1938

La Nouvelle Campagne

n° XXVIII, Avril 1939

La Nouvelle Campagne

n° XXIV, Juillet 1938

LA NOUVELLE CAMPAGNE

En 1934, Michel Seuphor, par l’intermédiaire de Jacques Maritain, entre en contact avec les pères blancs de Juvisy qui s’apprêtent à fonder l’hebdomadaire Sept.

« J’étais un peu courtisé par ces pères, qui voyaient en moi un néophyte animé par des idées jeunes et pétillantes. Je commence donc par écrire une sorte de roman un peu autobiographique, Histoires de grand dadais et j’envoie les premiers chapitres pour lecture. Ils paraissent aussitôt dans la revue et, très rapidement, on me montre que je suis chez moi, que je peux faire ce que je veux. Le fait d’être à Anduze ne m’avait pas du tout fermé les yeux et je continuais naturellement à me tenir au courant de ce qui se passait dans le monde. À une intervention de Mussolini au parlement italien suite à l’invasion de l’Éthiopie par ses armées – intervention durant laquelle il avait craché sur la France et la Société des Nations –, j’ai répondu en poète, en rédigeant un dialogue que j’ai intitulé Forces mauvaises, qui relatait une rencontre entre Hitler et Mussolini au cours de laquelle ils devisaient du destin de l’Europe. Texte accompagné du photomontage de cette rencontre. »

Michel Seuphor,

Un siècle de liberté

1996

Le texte de Michel Seuphor paraît donc dans le magazine Sept, un texte visionnaire qui montrait bien, pour qui sait un peu lire, que tout était prévisible : les manifestations de 1934, la nuit de cristal, bref tout ce qui était déjà contenu dans Mein Kampf que Seuphor avait lu l’année précédente. S’étant déjà frotté au nationalisme des flamingants à Anvers, il en comprenait les ressorts et les discours et estimait que son expérience lui enjoignait de parler. Malheureusement, les idées nationalistes et extrémistes gagnent très rapidement du terrain. Corréa, l’éditeur de son livre Dans le royaume du coeur est reparti au Brésil et son fond a été repris par les éditions Buchet-Chastel. Seuphor est convié à déjeuner chez ses nouveaux éditeurs qui reviennent de Nuremberg, où ils ont assisté à un discours d’Hitler et il est atterré par leurs discours pronazis.

À Anduze, la survie du couple Seuphor est très difficile : « Pour tenter d’arrondir un peu notre budget, et grâce à une excellente machine à écrire que l’on avait offerte à Suzanne, je décide de faire une petite revue, La Nouvelle Campagne – tapée grâce au talent de dactylo de Suzanne –, qui nous vaut quelques abonnés. C’est de cela que nous avons vécu pendant cinq ans. Nous avions aussi un poulailler, un bout de jardin, mais il fallait un peu d’argent pour la correspondance. Les timbres pour expédier La Nouvelle Campagne constituaient notre plus grosse dépense. Et voilà que, au mois de juin 1937, j’apprends par un numéro de Sept et par une lettre qui l’accompagne, que Rome interdit la revue et oblige les dominicains à déclarer qu’elle est en faillite, qu’elle ne rentre pas dans ses frais et que, de ce fait, elle doit cesser de paraître. »

Seuphor comprend qu’il s’agit là d’une obligation de mensonge et apprend très vite que la raison profonde est une décision du Vatican à qui les positions politiques de la revue, notamment ses articles nettement antifascistes, déplaisait fortement. « Je décide donc que ma revue La Nouvelle Campagne doit prendre le relais de Sept, et j’y écris bon nombre d’articles contre le fascisme et contre Rome. L’arrêt de Sept est un coup terrible. Je reste chrétien, mais je quitte l’Église. »

Michel Seuphor,

Un siècle de liberté

1996

Le premier numéro de La Nouvelle Campagne date de décembre 1934, le trentième et dernier numéro est daté de juillet 1939. Susanne Berckelaers-Seuphor a raconté à sa petite fille Sophie le souvenir de sa fabrication : « j’intercalais jusqu’à sept carbones, ma machine n’en acceptait pas plus et je devais retaper au moins cinq fois le même texte pour atteindre le nombre voulu d’exemplaires à envoyer à nos abonnés. »
La Nouvelle Campagne est un véritable objet de reliance et le véhicule de la pensée de Michel Seuphor soutenu par son épouse. La diffusion n’en est pas aisée et le couple est obligé de rappeler, à l’intérieur de certains numéros, que la revue n’a pas d’autre soutient que son prix de vente et la fidélité des abonnés.

Chaque numéro aborde divers aspects de la vie et de la réflexion de l’auteur avec cette ouverture infaillible vers l’universel qui lui permet de mettre en abîme le plus mince sujet de réflexion : la naissance d’une fleur, les vendanges, la politique, la guerre, la peur, la trahison, le mensonge, la poésie et sa place unique et première dans la spiritualité de chacun.
S. Berckelaers

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n° X-XI, extrait 3 Paradox sur les Internationales

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n° XII, illustration

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n° XII, Pro Justo p 52

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