Seuphor est un écrivain dessinateur et un dessinateur écrivain. Le dessin, comme un jeu détaché de toute contingence matérielle, l’a accompagné toute sa vie. Enfant, l’un de ses oncles lui avait offert une boite de couleurs et il s’était mis à reproduire ce qu’il voyait. Sa famille alla jusqu’à vendre ses peintures, auxquelles lui ne reconnut jamais aucune valeur artistique. Jeune homme, il travailla dans un cabinet d’architecte mais c’est l’écriture qui l’occupait tout entier. Cependant, ses amis sont autant des poètes que des plasticiens et son admiration ne connut plus de bornes quand il rencontra la peinture et la philosophie de Mondrian.

Éprise de liberté, sa main délasse son esprit, exprimant avec légèreté ce que son intellect ignore. Le dessin ne le quittera plus à partir de la fin des années 1920.

Les quelques exemples exposés ici sont une toute petite fenêtre s’ouvrant sur les profondeurs sensibles d’un être dont la vie chante, vibre, et se déploie hors de lui, même dans les moments les plus difficiles, comme en témoigne la série des dessins réalisés sur son lit d’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en octobre 1950. La variété des formes est infinie, et certaines se retrouveront, plus tard, magnifiées dans les dessins à lacunes.

Sophie Berckelaers