DESSINS À LACUNES

DESSINS À LACUNES

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« J’avais commencé en 1949–1950 une série de dessins que je voulais développer coûte que coûte. Surtout qu’à ce moment-là, j’étais sur les traces de la fin de vie de Mondrian. J’entrais en contact étroit avec ce que j’avais reçu de lui, avec la philosophie de l’horizontale et de la verticale. C’était sur cela que s’étendait ma réflexion en cette année 1951. Je voulais appliquer en moi-même l’essentiel de ce que j’avais reçu. Et, à travers ma vision, c’était le moyen pauvre. Et plus ce moyen était pauvre, plus il était riche dans les résultats qu’on pouvait en tirer. La plume à la main, cette réflexion m’a amené à développer le dessin en grand format. Ce que j’ai appelé les dessins à lacunes. (…) Il y a eu cette découverte des lacunes, de ce que la plume ne touche pas et qui se met à parler. Ce qui n’est pas est plus que ce qui prétend l’être. J’ai reçu ce coup brusquement, comme un flash.  »

Michel Seuphor, Une vie à angle droit (page 105)

Manuscrit Dessins à lacunes à traits horizontaux Seuphor, 13 février 1973

« J’avais commencé en 1949–1950 une série de dessins que je voulais développer coûte que coûte. Surtout qu’à ce moment-là, j’étais sur les traces de la fin de vie de Mondrian. J’entrais en contact étroit avec ce que j’avais reçu de lui, avec la philosophie de l’horizontale et de la verticale. C’était sur cela que s’étendait ma réflexion en cette année 1951. Je voulais appliquer en moi-même l’essentiel de ce que j’avais reçu. Et, à travers ma vision, c’était le moyen pauvre. Et plus ce moyen était pauvre, plus il était riche dans les résultats qu’on pouvait en tirer. La plume à la main, cette réflexion m’a amené à développer le dessin en grand format. Ce que j’ai appelé les dessins à lacunes. (…) Il y a eu cette découverte des lacunes, de ce que la plume ne touche pas et qui se met à parler. Ce qui n’est pas est plus que ce qui prétend l’être. J’ai reçu ce coup brusquement, comme un flash. »

Michel Seuphor, Une vie à angle droit (page 105)

Manuscrit Dessins à lacunes à traits horizontaux Seuphor, 13 février 1973

« Entre le style altier de Mondrian et l’arabesque spasmodique de Pollock, à distance égale de l’un et de l’autre, j’étire très calmement ma ligne horizontale. Je la répète et je la multiplie, toujours à main levée et lentement, créant ainsi les plages de la modulation sans fin où je me trouve chez moi. J’y peux rêver, j’y peux jouer. J’y invite parfois l’humour, j’y laisse aller ma fantaisie. Mais cette liberté est sans cesse contrôlée par la mesure de la même ligne horizontale et son calme tracé. J’aime cette disposition paisible. Rien ne peut venir la rompre ou la corrompre. Elle est à moi pour le temps que je suis. A l’intérieur de cette paix je peux prendre des risques, il m’est permis de donner suite à toutes mes fantaisies, la discipline même de ma technique y met de l’ordre, supprime les excès. »

Michel Seuphor,Le jeu de je, 1976

« Entre le style altier de Mondrian et l’arabesque spasmodique de Pollock, à distance égale de l’un et de l’autre, j’étire très calmement ma ligne horizontale. Je la répète et je la multiplie, toujours à main levée et lentement, créant ainsi les plages de la modulation sans fin où je me trouve chez moi. J’y peux rêver, j’y peux jouer. J’y invite parfois l’humour, j’y laisse aller ma fantaisie. Mais cette liberté est sans cesse contrôlée par la mesure de la même ligne horizontale et son calme tracé. J’aime cette disposition paisible. Rien ne peut venir la rompre ou la corrompre. Elle est à moi pour le temps que je suis. A l’intérieur de cette paix je peux prendre des risques, il m’est permis de donner suite à toutes mes fantaisies, la discipline même de ma technique y met de l’ordre, supprime les excès. »

Michel Seuphor,Le jeu de je, 1976